Forums électroniques, deux types et deux usages

La technologie la plus répandue des forums électroniques est basée sur un principe de «discussion par fils» avec des caractéristiques principales (Sawyer, 2006) :

  • c’est une sorte de courrier électronique dont chaque message va d’une personne vers plusieurs ;
  • les messages apparaissent chronologiquement ou en fils commençant avec un premier message lié à la réponse qu’il a engendrée ;
  • les messages en fils forment une structure d’information en arbre ;
  • cette technologie permet seulement deux structures d’information : en fils et arborescente ;
  • on ne peut pas commenter plusieurs messages simultanément ou connecter deux messages situés dans des fils différents.

Ces forums électroniques « à fils » sont destinés à l’échange rapide de questions-réponses ou la diffusion d’informations à commenter éventuellement. Ils facilitent la gestion de la «mailing list» et leur caractère asynchrone est un grand avantage.

Mais de tels outils aident peu un groupe travaillant, sur une thématique, à la construction de connaissance. Lorsque le nombre d’échanges augmente, un forum «à fils» montre un flux de messages de plus en plus incohérent, dont les fils sont limités de façon arbitraire, par les dimensions de l’écran, voire effacés si d’un certain âge. Des moteurs de recherche élargissent l’utilisation possible des contenus des messages d’un forum «à fils». Mais, il reste difficile, d’y établir le niveau de connaissance du groupe des acteurs du forum.

D’autres types de forum, comme Knowledge Forum ou Calico, sont pensés pour transformer un tel groupe en une véritable communauté d’élaboration de connaissances, «collaborative knowledge building» (Scardamalia & Bereiter, 2003), en facilitant la mise en place d’un processus d’échafaudage pour faire avancer les échanges de la discussion (Scardamalia, 2000). Tout y est fait pour que les idées du groupe soient continuellement améliorées :
«In knowledge building, ideas are treated as real things, as objects of inquiry and improvement in their own right. Knowledge building environments enable ideas to get out into the world and onto a path of continual improvement. This means not only preserving them but making them available to the whole community in a form that allows them to be discussed, interconnected, revised, and superseded.» (Scardamalia & Bereiter, 2003)

Ces forums sont des bases de données multimédias où des outils graphiques permettent aux utilisateurs de donner du sens à de grands volumes d’informations. Ils deviennent des outils pour montrer l’évolution dans le temps de l’espace des connaissances et se concentrent ainsi sur l’approfondissement des idées et non sur leur gestion : on regardera surtout l’évolution des connaissances au fil des jours et moins l’évolution du nombre de notes au fil des jours (Teplovs, 2010). Pour ce faire, on utilise de multiples représentations des contributions (écrites, graphiques, audio ou vidéo), des membres de la communauté, pour montrer divers attributs des idées exprimées (Laferrière, 2005). Des outils d’analyse des contributions (des applets) y sont rattachés pour aider, par exemple :

  • l’analyse de la progression du vocabulaire utilisé (cf. Figure 1, Outil de Knowledge Forum) ;
  • le repérage et l’identification des bonnes idées  (cf. Figure 2, Outil de Knowledge Forum) ;
  • le suivi des thèmes dans les discussions (cf. Figure 3, Outil Colagora de Calisto) ;
  • le suivi des types de contributions des intervenants (cf. Figure 4, Outil de Knowledge Forum).

Le sens de l’activité du groupe travaillant dans un tel forum est de donner aux «ideas a life beyond the transitory nature of conversation and its isolation from other discourses» (Scardamalia & Bereiter, 2003). Dans cette optique, il faut noter que si les représentations graphiques facilitent la vision de la connaissance en construction, c’est bien l’investissement de chaque acteur du forum qui assure qu’une élaboration de connaissance a bien lieu.

En savoir plus :

  • Laferrière, T. (2005). Les communautés d’apprenants en réseau au bénéfice de l’éducation. In Encounters on Education. Volume 6, Fall 2005, pp. 5 – 21.
  • Sawyer, R. K. (Editor) (2006). The Cambridge handbook of the learning sciences. New York: Cambridge University Press.
  • Scardamalia, M. (2000). Can schools enter a knowledge society ? In M. Selinger et J. Wynn (dir.), Educational technology and the impact on teaching and learning (p. 5-10). Abingdon, RM : Oxford Research Machines.
  • Scardamalia, M., & Bereiter, C. (2003). Knowledge building. In Encyclopedia of education (2nd ed., pp. 1370-1373). New York: Macmillan Reference, USA.
  • Teplovs, C. (2010). Visualisation d’espaces de connaissance permettant un accès concurrent, intégré et adaptable au processus de coélaboration des connaissances (http://www.slideshare.net/cteplovs/teplovs-stef-seminarfr )
  • Projet Calico, Applets en open source (http://www.stef.ens-cachan.fr/calico/outils/outils.htm )
  • Knowledge Forum (http://www.knowledgeforum.com )

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