L’e-portfolio, un constructeur d’identité?

Quelques petites réflexions sur le e-portfolio, après le tout récent 9ème Forum eCulture (Lausanne – 8 septembre 2010)

Durant ce forum, les propos de Serge Ravet (Directeur de l’European Institute for E-Learning ) m’ont particulièrement intéressé lorsqu’il a redonné les principes du ePortfolio comme construits autour de la notion d’identité. Pour lui, d’après les travaux de J.-C. Kaufmann (1), l’identité c’est une construction de soi. Ainsi, pour permettre de définir une identité, un e-portfolio devrait surtout être tourné vers le futur. Au contraire, il constate que, la plupart du temps, un e-portfolio est composé seulement de traces passées et présentes du soi. Deux autres principes sont fondamentaux. D’une part, la définition de soi doit inclure celle donnée par les autres, et pas seulement par soi. D’autre part, il ne s’agit pas uniquement de lister des traits observables, par exemple des preuves de compétences, mais aussi de procéder à une construction réflexive qui montre et explicite les relations entre ces observables. L’identité s’articule ainsi complètement avec le contexte et la mémoire sociale (voir: Pascal Fugier, Revue Interrogations).

Se posent alors deux questions lorsque l’identité est diffusée et retrouvée via le web.  La première concerne le contrôle de l’identité numérique. Le e-portfolio rassemble les informations d’une personne. Mais qui en est le détenteur? Nous devons considérer cette question dans le contexte où le droit du web n’est pas si clair, notamment avec des différences fortes entre des sites hébergés en Europe ou aux Etats-Unis. Si la personne, qui s’aide d’un e-portfolio pour construire son identité, n’est pas propriétaire de celle-ci, il y a un problème de fond dans l’usage de ces outils du monde numérique. Stéphane Koch (intelligentzia.net ) pose une deuxième question: quelle identité percevons-nous d’un individu lorsque nous accédons à une partie seulement des informations qu’il a laissées? Outre son identité réelle, il y a celle affirmée par la personne lorsqu’elle se « décrit » et celle perçue par les autres. Cette question se pose également en dehors du monde numérique. Mais n’est-elle pas accentuée dans le web lorsque les informations sont fragmentées dans de multiples réseaux sociaux et lorsque la recherche par mots-clé sur Internet redonne une liste d’éléments d’identité décontextualisés? Retrouve-t-on facilement le contexte d’un élément d’identité décrit dans un e-portfolio ou le site d’un réseau social?

(1) Kaufmann, J-C. (2004). L’invention de soi. Une théorie de l’identité. Paris: Armand Colin/SEJER.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *