4ème Colloque AUPTIC·éducation : quelques leçons du Covid19 sur l’enseignement à distance

Le 4ème Colloque AUPTIC·éducation 2020 vient de se dérouler (11-13 novembre, à distance depuis Louvain en Belgique). De nombreuses communications ont porté sur les leçons qu’on peut tirer des cours et des examens entièrement organisés à distance à cause de la situation de pendémie, en particulier à l’université. Le présent billet veut relever principalement deux idées discutées, en lien avec les chocs qu’ont subis les étudiant·es du fait de ce passage très brusque à des cours 100% à distance, pour déterminer comment lutter contre l’abandon.

Première idée. En analysant le « Basculement en distanciel des formations universitaires », la conférence de Marianne Frenay (UCL) a réaffirmé un des points-clé établis par les théories socio-constructivistes : les interactions sociales sont essentielles à l’apprentissage, surtout dans les dispositifs à distance. En conséquence, les dispositifs mis en place actuellement doivent inciter à la discussion et faire « sentir la présence à distance » (expression employée dans les diapositives de la conférence). Les discussions, et d’autres interactions sociales à distance, peuvent contribuer à l’accompagnement des étudiant·es rendu essentiel suite au changement radical et très rapide des conditions de cours à la mi-mars 2020.

Toutes les habitudes et les réseaux sociaux étaient bouleversés : les étudiant·es ne voyaient plus leurs profs, connaissaient très peu leurs collègues de cours (début de semestre ou expérience d’un seul semestre à l’université) ou les voyaient beaucoup moins. Aussi des bulles sociales (forums en ligne, salles de réunion-cours virtuelles, etc.) ont été créées dans de nombreux cours pour maintenir la motivation, le sentiment d’appartenance et l’engagement des étudiant·es. Mais beaucoup d’entre eux n’ont certainement pas osé utiliser ces bulles sociales pour y interagir avec les autres parce qu’ils étaient désécurisés dans cette situation plus qu’inhabituelle, parce que leur nom y apparaîtrait, qu’il y aurait des traces de ces interactions, etc. De ce point de vue, les solutions proposées par les institutions d’enseignement pour maintenir les interactions sociales doivent être améliorées : anonymat, mentorat fait par des étudiants plus avancés, etc.

Deuxième idée. En ayant été contraints à des enseignements 100% à distance du jour au lendemain, les étudiant·es ont certainement eu un grand besoin d’aides pour activer et/ou maintenir, très rapidement, tous leurs processus d’apprentissage (cognitions, affects, conduites). Pourtant, durant ce colloque, on a fait le constat que, même dans ce cas de « force majeur », les étudiant·es ne cherchent pas forcément de l’aide alors qu’ils en ont besoin. Pourquoi ?

A ce propos, une communication de Louise Sauvé (TELUQ) remettait en lumière les grandes stratégies d’apprentissage : 1) planification, 2) performance et 3) mise en action (modèle de l’apprentissage autorégulé de Zimmerman). Elle montrait aussi que, malheureusement, les étudiant·es passent peu/pas à la mise en action d’une stratégie d’aide. Pour résumer, Louise Sauvé disait : « Ils ne savent pas comment faire » pour trouver de l’aide et, ainsi, soutenir leur apprentissage. En conséquence, dans la situation actuelle de distance obligée, les universités doivent faire parvenir souvent à leurs étudiant·es des messages comme : « Là il y a de l’aide » ; « Voici un tutoriel sur… » ; « Le service XY peut vous aider à… » ; etc.