Enseignement supérieur : Comment faire de bonnes vidéos ? Quelles utilisations par les étudiant·es ?

Dans ce billet, quelques pensées et expériences partagées, à propos de l’usage de la vidéo dans l’enseignement supérieur, durant deux présentations en séance pléniaire du programme des derniers EduhubDays 2020 (Bern, 29-30 janvier).

Martin Merkt (German Institute for Adult Education – Leibniz Centre for Lifelong Learning) s’est intéressé à la thématique « What makes a good instructional video? Insights from educational
psychological research ». Ci-dessous une liste de quelques-uns des résultats qu’il a relevés pour faire de bonnes vidéos éducatives :

1. donner un accès facile à l’information : par exemple des listes interactives comme des vues d’ensemble de chapitres augmentent l’efficacité (par contre des recherches complexes d’information restent un défi dans une vidéo) ;
2. optimiser les processus cognitifs : on peut appliquer divers aspects de la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia (Mayer) :
   1. ne pas faire de vidéos trop rapides (prise en compte de la charge cognitive)
   2. utiliser des mélanges texte parlé + image, supérieurs aux mélanges texte écrit + image (prise en compte du codage en deux canaux – dual coding theory)
   3. donner des indices visuels (ou verbaux) associés à des éléments importants de la vidéo et/ou à des tâches s’effectuant durant le visionnement
3. la fluidité du discours de l’expert filmé augmente la satisfaction mais n’a pas d’impact sur l’apprentissage
4. mieux vaut ne pas introduire des distractions avec le décor mais les résultats ne sont pas définitifs à ce sujet (décor fixe ou mobile, etc.)
5. la personnalisation : la présence du speaker (« talking heads ») attire l’attention et l’évaluation est meilleure mais pas l’apprentissage
6. la personnalisation : s’adresser aux spectateurs à un effet positif sur l’apprentissage (Tu > On ; Vous = On)
7. la personnalisation : il y a une personnalisation additionnelle avec un style conservationnel
8. le cadrage : être face (plutôt que de côté) au sujet a un impact sur l’apprentissage mais la distance au sujet n’en a pas
9. le cadrage : adopter une perspective personnelle est meilleur car cela amène moins d’erreurs spatiales
10. le cadrage : le changement de perspective de la caméra doit être fait lentement et l’insertion de repères aide

De plus, on peut aussi prendre en compte des principes de design émotionnels (beauté des images, qualité du son, surprises, aspects narratifs). Ces aspects ont plus d’importance s’il n’est pas obligatoire de visionner une vidéo.

De son côté, Emily Nordmann (Université de Glasgow), durant sa présentation « Study skills and strategic uses of lecture capture », s’est focalisée sur les enregistrements vidéos des sessions de cours et a mis en évidence que :

1. une grande utilisation des vidéos de cours n’est pas corrélée avec une faible participation en cours;
2. les meilleurs étudiant·es peuvent ne pas venir aux cours et les remplacer par le visionnement des vidéos ;
3. mais les vidéos sont bénéfiques pour les étudiant·es plus faibles s’ils les utilisent comme un supplément qui doit être organisé pour être efficace, par exemple:
   1. avec des recommandations pratiques : demandez de l’aide, soyez spécifique, prenez des notes, venez en cours ;
   2. en veillant à promouvoir certaines activités avec le visionnement des vidéos : organisation, élaboration, répétition, regard critique ;
   3. en fixant des buts précis aux visionnements : clarté de l’enseignant, révision d’examen, augmentation de ses notes de cours, revisite de parties difficiles ;
4. la vidéo constitue une seconde chance pour des catégories d’étudiant·es comme ceux ayant une autre langue maternelle, ceux avec un handicap, un problème physique ou mental, les personnes qui font un long trajet entre la maison et l’université, celles et ceux qui travaillent, les étudiant·es en début de cursus, ceux avec peu de compétences d’apprentissage, etc.