Faut-il vraiment capter l’attention des utilisateurs ?

Réseaux sociaux, services de streaming, la guerre des services en ligne fait rage.

Mais pour quoi ces services se battent-ils donc ? Pour notre attention.
En effet la plupart des services en ligne souhaitent des utilisateurs assidus, c’est d’autant plus vrai pour les réseaux sociaux qui n’ont que peu d’utilité si personne ne les utilise. Ils ont donc tout intérêt à rendre leurs utilisateurs « addicts ».

En 2016, Max Stossel et le mouvement « Time Well Spent » l’avaient déjà bien compris :

Ce mouvement a récemment abouti à la création du Center for Humane Technology. Sur leur site web, 3 axes sont proposés pour appréhender le problème.

Dans un premier temps, il est important de prendre conscience de la direction dans laquelle les grands de l’innovation nous emmènent. Le marché est influencé par la compétitivité en premier lieu, les entreprises doivent faire du profit. La publicité étant la source de revenu principale des services en ligne, ceux-ci ont besoin que leurs utilisateurs passent le plus de temps possible connectés. Les fournisseurs de service ne sont pas nécessairement machiavéliques, ils sont poussés dans cette direction par le marché et la compétitivité.
Il est donc vital, en tant que créateurs et utilisateurs de prendre conscience que notre attention peut être manipulée.

Dans un second temps il faut se demander comment, en tant que créateurs ou utilisateurs aller de l’avant et changer cette tendance ? Diverses solutions sont proposées telles que la collaboration avec les fabricants de « hardware » qui eux ne sont pas aussi dépendants de la compétitivité de l’attention. Ou encore utiliser les gouvernements pour forcer certaines entreprises à de meilleures pratiques, c’est déjà souvent le cas avec l’Union Européenne qui force les grands réseaux sociaux à se plier à des lois plus strictes que celles des États-Unis en matière de protection des données par exemple. En tant que créateurs, il s’agit de ne pas suivre les tendances en matière d’accaparement de l’attention et de servir l’utilisateur plutôt que de monopoliser son attention.

Finalement, prendre le contrôle. Cette partie propose diverses stratégies afin que nous, en tant qu’utilisateurs puissions reprendre le contrôle de notre attention. Filtrer les notifications, mettre en place un écran principal plus neutre ou encore utiliser le mode « noir et blanc » de son téléphone sont quelques stratégies proposées.

Je pense que le second point est d’une importance cruciale en tant que technologue dans l’enseignement supérieur. Ne pas tomber dans le piège qui consiste à rendre ses utilisateurs (les étudiants dans notre cas) dépendants des services que nous mettons en place mais plutôt des services visant à les servir, à leur faire gagner du temps. L’un des exemples qui me vient à l’esprit est la gamification, un procédé à la mode ces dernières années mais qu’il est très difficile à mettre en place de manière bénéfique. Si la gamification ne sert qu’à pousser l’utilisateur à utiliser un service, c’est qu’elle ne sert pas directement un but en soit. La même question se pose pour la technologie, celle-ci doit être au service du but pédagogique et non l’inverse. D’autant plus qu’en tant que créateurs dans le milieu académique, nous avons la possibilité de le faire, nous ne sommes pas contraints de suivre les mêmes règles que les entreprises, nous avons la liberté de pouvoir mettre l’utilisateur en premier.
Le débat n’est pas forcément nouveau, mais je pense qu’il est important de se le rappeler et surtout de prendre conscience que les enjeux ne sont pas évidents pour tout le monde.

tl;dr :