« Social Media in Education » présenté à INTED2017

La conférence INTED2017 s’est déroulée à Valencia (Espagne) du 6 au 8 mars 2017. A cette occasion, pas moins de 650 participants venant de 75 pays se sont réunis pour la 11ème « International Technology, Education and Development Conference ». Le programme était impressionnant : 450 présentations planifiées sur deux jours, présentées dans 9 sessions en parallèle. A cela, s’ajoutaient 4 sessions de posters et des présentations virtuelles.

Les thématiques présentées étaient variées. A ce titre, j’ai eu la chance de suivre les sessions portant sur l’hybridation de l’enseignement, la classe inversée, l’e-évaluation, ainsi que sur l’apprentissage du code, et des expériences de simulation et de robotique en classe.

Ayant introduit un réseau social dans un de mes cours à la Haute école pédagogique de Fribourg au semestre d’automne 2016, j’ai été très intéressée par la session portant sur l’introduction des réseaux sociaux dans un contexte éducatif. Dans cette session, les réseaux sociaux étaient présentés comme des agents facilitateurs d’échange et de collaboration, ainsi que comme moyen pour favoriser l’apprentissage. Voici un petit résumé :

Pourquoi utiliser les réseaux sociaux en classe?

N. Wesseling (2017) nous encourage à ne plus observer uniquement le temps investi par une personne dans les réseaux sociaux (quantité), mais à nous pencher sur la manière d’utiliser les réseaux sociaux (qualité). La quantité de temps permet de voir que les réseaux sociaux attirent les étudiants, alors que la manière dont ils l’utilisent peut nous montrer ce qu’on peut en faire dans un contexte scolaire.

Puis, B.J. Godejard (2017) nous explique les connexions possibles entre les acteurs sur les réseaux sociaux. Ces connexions se font :

  • entre un étudiant et un autre étudiant ;
  • entre un étudiant et le tuteur ou le professeur ;
  • entre les membres d’une même communauté d’apprentissage (les étudiants);
  • ainsi qu’entre l’étudiant et la ressource/le savoir.

Dans l’enseignement traditionnel, l’enseignant est le détenteur du savoir et il le diffuse à ces étudiants. Avec les réseaux sociaux, les étudiants doivent être actifs pour s’approprier un savoir. Ils vont alors chercher des informations auprès des collègues, mais également en donner. Le professeur n’est plus le transmetteur, mais il devient un facilitateur.

La troisième présentation (Najera, A., Gonzalez-Rubio, J., Ramirez-Vazquez, R., Suarez, C., Gomez, P., Belendez, A., Escobar-Rabadan, F.J., Arribas Garde, E. et Reolid, R, 2017) portait sur l’introduction de Facebook dans une classe de médecine pendant 8 mois. Le professeur avait créé une page Facebook pour la classe et les étudiants pouvaient interagir entre eux, partager des publications ou encore commenter ces publications. Le professeur a ensuite analysé les publications en observant qui avait rédigé la publication, à quel moment et sur quoi portait la publication. Il y eu 653 publications, dont 61% qui provenaient des étudiants. Durant la recherche, il s’est avéré que les étudiants étaient inquiets de la confidentialité des données publiées sur Facebook et de leurs impacts sur leur carrière future.

La dernière présentation, malheureusement annulée, portait sur l’analyse des risques et des solutions pour un bon usage des réseaux sociaux. L’article rédigé par Drahosova M. et Balco, P. (2017) fait état d’une recherche auprès 275 participants de l’union européenne. Cette recherche montre notamment que  les réseaux sociaux les plus exploités sont Facebook (89,2%), Google+ (56.8%) et Instagram (48,6%). Il est intéressant d’apprendre que ces mêmes participants utilisent en priorité le web 2.0 pour avoir des contacts avec des collègues (83,3%) et pour obtenir des informations (80,6%).

Dans l’ensemble des recherches, tous les étudiants étaient satisfaits de l’utilisation des réseaux sociaux. Malgré quelques petits problèmes à résoudre ou à anticiper, ces expériences se révélaient positives. Pour ma part, mon expérience était tout à fait différente.

 

Introduction de Facebook dans un cours à la Haute école pédagogique de Fribourg

Après avoir observé l’intérêt des jeunes pour Facebook, j’ai décidé d’y créer une espace privé pour ma classe composée de 4 groupes d’étudiants âgés d’environ 23 ans (total de 100 étudiants). J’utilisais déjà Moodle, mais je souhaitais proposer à mes étudiants un moyen d’interagir entre eux et de partager des documents et des informations. J’ai alors organisé ma séance en intégrant cet espace Facebook :

  • Le groupe Facebook était privé. Ainsi, en dehors des étudiants, personne ne pouvait voir les publications;
  • En classe, puisque les étudiants étaient nombreux, je leur ai demandé de poser leurs questions en ligne. Ainsi, je me suis dit que les étudiants les plus timides pourraient davantage participer ;
  • Les étudiants se sont ensuite répartis en groupe. Lorsqu’ils travaillaient en autonomie, ils avaient la possibilité de se déplacer dans l’ensemble du bâtiment. Pour faciliter la communication entre les groupes, ils pouvaient publier des photos des travaux en cours, écrire des commentaires, poser des questions, etc. ;
  • En tant qu’enseignants, nous pouvions suivre l’évolution des travaux, mais également répondre aux questions ;
  • Les enseignants ont également réalisé des photos et posté des commentaires pour inciter les étudiants à en faire autant ;
  • A la fin des travaux de groupes, les étudiants devaient déposer leurs travaux sur Facebook pour que tous puissent y avoir accès ;
  • Nous avons alors demandé aux étudiants de faire de l’évaluation entre pairs. Ils devaient prendre le travail d’un autre groupe, écrire des commentaires et poser des questions dans le travail. Finalement, ils devaient leur renvoyer le document par email.

Nous nous attendions à ce que les étudiants, habitués à publier des photos et des commentaires sur Facebook, profitent de ce moyen. Toutefois le résultat était autre :

  • A la première séance, certains étudiants (environ 10 sur 100) m’ont dit ne pas disposer de compte et ne pas vouloir en créer ce qui ne nous posait pas problème. Je les ai encouragés à travailler avec d’autres collègues disposant d’un compte ;
  • En classe, les étudiants n’ont pas profité de Facebook pour poser leurs questions. La participation des étudiants était identique à un cours normal ;
  • Lorsqu’ils travaillaient en autonomie, seul un groupe a publié des photos. Ces photos ne portaient pas sur leur travail, mais plutôt sur l’ambiance « fun » du groupe ;
  • Aucun étudiant n’a fait de commentaires ou n’a apporté d’informations supplémentaires sur le travail à fournir. A ce niveau, les étudiants sont restés « silencieux » ;
  • Les étudiants ont utilisé Facebook pour contacter les enseignants et leur poser des questions. De plus, les enseignants ont tenté de se mettre dans une posture de facilitateur durant le cours. Toutefois à la fin de la journée, les étudiants, peu habitués, ont demandé à ce que les professeurs donnent plus d’informations ;
  • La plateforme Facebook a été utile pour déposer les travaux et les rendre immédiatement disponibles aux étudiants. Toutefois, le forum Moodle offrait la même possibilité.

Au terme de mon cours, je me disais que l’utilisation des réseaux sociaux pour mon cours n’était pas optimale. Je ne comprenais toutefois pas ce qui posait problème. Suite aux présentations du colloque INTED2017, je me rends compte que plusieurs paramètres ont influencé négativement cette expérience. Je pense qu’en priorité, l’utilisation de Facebook pour un cours d’une journée en présence n’était pas idéale. En classe ou dans un même établissement, les étudiants n’ont pas nécessairement besoin d’un contact « virtuel » avec les collègues. Dès lors l’utilisation de Facebook aurait été plus utile pour un travail à effectuer à distance. De plus, une journée ne suffit pas à implémenter un tel outil et à observer son impact sur les interactions entre étudiants et l’acquisition de savoirs. Il aurait été préférable de l’introduire pour tout un semestre. Finalement, l’utilisation de Facebook en plus de la plateforme LMS Moodle n’est pas idéale. Il serait préférable d’opter pour une seule plateforme. Les étudiants peuvent ainsi se concentrer sur un seul espace de travail.

A la suite du colloque INTED2017, je pense qu’il est intéressant de tester l’utilisation de ces réseaux dans les cours universitaire. Ceux-ci peuvent être une réelle plus-value si leur intégration au cours est pertinente et répond au besoin du public. Toutefois, il y a quelques règles à respecter pour faciliter leur intégration dans un cours.

 

Bibliographie:

Drahosova, M. et Balco, P. (2017). The analysis of risks and practical solutions for the safe use of social media. Papier présenté à la conférence INTED2017, Valencia (Espagne).

Godejord, B.J. (2017). From knowledge in storage to knowledge in usage: students perceptions of networked learning. Papier présenté à la conférence INTED2017, Valencia (Espagne).

Najera, A., Gonzalez-Rubio, J., Ramirez-Vazquez, R., Suarez, C., Gomez, P., Belendez, A., Escobar-Rabadan, F.J., Arribas Garde, E. et Reolid, R. (2017). Go where the students are: groups in Facebook to improve communication between Students and Educators. Papier présenté à la conférence INTED2017, Valencia (Espagne).

Alseddiqui, M et Heranjal, R. (2017). Role of social networking in enhancing engineering education courses. Papier présenté à la conférence INTED2017, Valencia (Espagne).

Wesseling, N. (2017). Social media use as a factor of engagement or integration. Papier présenté à la conférence INTED2017, Valencia (Espagne).

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