Classes inversées – classes ressuscitées?

Tout juste revenue de la conférence PédagoTice qui s’est tenue à Toulouse du 29 au 30 juin, 2015, plusieurs thématiques ont particulièrement retenu mon attention, dont celle de la classe inversée (Flipped classrooms) .

Le principe de la classe inversée consiste à inverser des tâches réalisées en classe et à domicile. Le temps de travail à domicile, communément appelé « devoirs », est alors consacré à l’appropriation des savoirs (informer). Pour ce faire, l’enseignant fournit des ressources en ligne (vidéos, textes, questionnaires, etc.) à lire ou à regarder à distance. Une fois en classe, l’enseignant prévoit des activités (projet, travail de groupes, échange, etc.) pour que les étudiants puissent activer les connaissances, interagir, produire du contenu. Ce travail s’avère alors plus motivant pour les étudiants que le modèle traditionnel où l’enseignant transmet un savoir (pour plus d’informations sur la classe inversée, cliquez ici).

Flipped classroom 2

(Image de AJ Cann)

A PédagoTice, trois présentations portaient sur des expériences de classes inversées. J’ai toutefois été particulièrement intéressée par la conclusion et les perspectives de recherche présentées par Seraphin ALAVA (Université de Toulouse), qui ont suivi cette présentation. Voici un bref résumé de cette intervention:

Dans sa présentation, Seraphin Alava mentionnait que, pour développer une vraie pédagogie, nous devrions développer de nouvelles pratiques d’enseignement qui mettent au centre l’élève, sa motivation, son intérêt, et non pas l’enseignant comme nous avons encore trop tendance à le faire actuellement. Par conséquent, un premier changement serait à envisager à ce niveau.

Puis, S. Alava a mentionné le problème du cloisonnement disciplinaire dans l’enseignement. Selon lui, trop souvent, le domaine disciplinaire constitue un carcan rigide qui isole l’enseignant de ses collègues. Par chance, lors de projets, les TIC ont l’avantage de rassembler autour d’une même table des protagonistes de plusieurs disciplines pour les faire interagir. A ce moment, ils sont amenés à présenter leurs tâches afin d’entrevoir des possibilités de collaboration (interdisciplinarité).

Il a ensuite parlé de l’acte « enseigner ». A ce titre, il citait dans un premier temps Comenius (philosophe, grammairien et pédagogue tchèque du 17ème siècle) et ses trois façons d’apprendre, à savoir : Se poser beaucoup de questions ; Chercher les réponses ; Et les enseigner aux autres. Puis, en second lieu, notre locuteur a cité Socrate (philosophe grec du 5ème siècle av. J.-C.) qui disait: « Je ne donne jamais aucune vérité, j’aide mes élèves à apprendre leurs vérités ». Ces deux philosophes et pédagogues s’accordent pour dire que pour être un bon enseignant, il ne suffit donc pas d’ouvrir la bouche et de transmettre un savoir à l’ensemble d’un amphithéâtre ou d’une classe. En plus de cet enseignement trop transmissif, S. Alava fait le second constat que l’enseignement dispensé aujourd’hui  est très structuré, ne laissant plus aucune place aux apprenants pour se sentir en danger. Or, selon lui, l’apprentissage est de meilleure qualité lorsque les étudiants sont dans une situation où la solution dépend d’eux. Par conséquent, pour dispenser un enseignement efficace, il s’agit de proposer des situations où les apprenants devraient être acteurs en mobilisant des savoirs pour trouver une solution dans une situation problème. L’enseignant ne serait plus le détenteur du savoir mais le médiateur entre le savoir et les étudiants. La classe inversée ou  « classe ressuscitée » se réapproprie la pédagogie d’antan.

Dès lors, notre intervenant conclut son intervention en se demandant : « Quand est-ce qu’on détruit la classe? ». Comme il l’explique, la classe fonctionne principalement pour les élèves qui ont acquis l’habitus d’apprendre, ceux pour qui il est aisé d’apprendre. Il explique alors que la classe actuelle reproduit l’échec et donc les inégalités sociales et que par conséquent, il serait grand temps d’agir en faveur des élèves pour qui « apprendre » s’avère une tâche plus difficile. De là, il mentionne que les technologies de l’information et de la communication sont peut-être les outils révolutionnaires de l’éducation.

Selon moi, l’université est davantage un lieu où l’enseignement dispensé est de type transmissif. Toutefois, avec les moyens technologiques dont nous disposons, il serait dans l’intérêt des étudiants de repenser les pratiques universitaires. Voici quelques propositions pour les enseignants:

  • Moodle, souvent utilisé pour déposer des documents sous forme de texte, dispose de nombreuses autres fonctionnalités, telles que sondages, questionnaires, ateliers, chat, glossaire, etc. Sortez de votre zone de confort et exploitez ces diverses options!
  • Les livres électroniques ou epub constituent un moyen pratique pour proposer des textes lisibles sur ordinateurs, tablettes, liseuses. Ils permettent également d’introduire des vidéos directement disponibles dans le texte. Innovez et rendez vos contenus plus motivants à l’aide des vidéos!
  • Votamatic est un outil qui permet de créer des sondages en ligne. Réalisez un sondage auprès de vos étudiants et servez-vous des réponses dans vos cours! Servez-vous également de cet outil directement en cours pour sonder la compréhension de vos étudiants!
  • Avec les diverses applications présentent sur le net ou encore grâce à certains logiciels, il devient aisé de créer une vidéo. Par conséquent, pourquoi ne pas tenter l’expérience de la classe inversée en proposant vos propres ressources vidéos en ligne et en disposant du temps en classe pour des activités plus interactives?

Le centre NTE est à disposition des enseignants qui souhaiteraient innover dans leur cours ou encore qui seraient intéressés à mieux s’approprier les outils TIC pour préparer leur cours.